The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Clair-obscur


"Clara et la pénombre" est le troisième roman de José Carlos Somoza que je lis, et je suis toujours aussi impressionné par l'érudition, le style, l'originalité et l'ambition littéraire de cet auteur.
Ce roman est excellent. Comme dans le très bon "La caverne des idées" que j'ai chroniqué il y a quelques temps, Somoza utilise le roman policier pour tenter des expériences littéraires hors du commun. Clara est une femme-toile dans une société où le summum de l'art contemporain est la peinture sur corps humain, une société où les artistes qui ne peuvent devenir peintres sur corps sont designers et créent des pièces de mobilier utilitaires ou décoratives avec des corps humains. Foutaise d'auteur illuminé ! Pas vraiment. Nous n'en sommes déjà plus très loin. Il n'y a qu'à penser aux performances d'Orlan (qui a fait de son corps une oeuvre), à Gunther Von Hagens qui expose des cadavres plastifiés et tranchés, aux performances de body art en général.
Quand une toile humaine peinte est tuée, est-ce une personne qui meurt ou une oeuvre qui est détruite ? La réponse est loin d'être évidente pour les protagonistes du roman, dont beaucoup manifestent un mépris absolu de l'être humain. Et le fil de l'histoire nous interroge sur l'art, le rôle de l'artiste et sa mégalomanie, l'être humain, son statut, l'usage qu'il peut faire de sa liberté, la puissance des organisations financières et leur amoralité, la création des engouements, etc...
C'est très intelligent. C'est très bien écrit. Il y a bien longtemps que je n'avais rien lu d'aussi original (même si un thème tangent est abordé d'une manière complètement différente par Greg Egan (Et oui !) dans une nouvelle intitulée "La Caresse", présent dans le recueil "Axiomatique") et parfaitement maîtrisé (car sans maîtrise l'originalité n'est que du grand guignol, que les connaisseurs pensent à Flash Gordon ou à Barbarella) Et c'est passionnant de bout en bout, par le monde qu'on découvre (une visite guidée qui va de découverte en découverte de la première à la dernière page) et l'intrigue qui s'y noue. Le poche fait 600 pages, on ne les voit pas passer, et il aurait pu en faire le double avec les thèmes abordés. Superbe !
PS : Le livre s'appelle "Clara et la pénombre" et l'un des grands moments du roman est une exposition Rembrandt. Le premier qui voit gagne un cadeau.
Clara et la pénombre, José Carlos Somoza

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