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Le songe d'une nuit d'octobre" est le dernier roman solo de Roger Zelazny. Il a été publié en 1993, nominé pour le Nebula en 1994, et ressort aujourd'hui chez ActuSF dans une très jolie édition. Il m'a donné l'occasion de me frotter une dernière fois ce mois-ci à Sherlock Holmes sans ouvrir le moindre livre de Doyle.
Fantaisie urban, comme le songe de Shakespeare était une fantaisie rurale, "
Le songe d'une nuit d'octobre" raconte les préparatifs, jour par jour et sur un mois, d'une de ces rares pleine lunes qui tombent le jour d'Halloween.
Des préparatifs ? demanderas-tu lecteur, mais de qui ? et pourquoi ? Sache que depuis des temps immémoriaux s'opposent, à chacune de ces occasions, des « ouvreurs » qui veulent ouvrir les portes de notre monde aux divinités néfastes du panthéon cthulhuesque et des « fermeurs » qui veulent s'assurer de garder les portes fermées et ainsi de sauver l'humanité telle que nous la connaissons.
Qui sont les « ouvreurs » et les « fermeurs », et qui raconte l'histoire ?
L'histoire de ce mois d'octobre de tous les dangers est racontée par Snuff, démon probable, chien de garde visuel, familier de Jack, qu'on comprend être Jack l'Eventreur. L'histoire du livre est celle des interactions entre Snuff et les familiers des autres joueurs de la partie, notamment la chatte Graymalk
(dont on notera la similitude de nom avec Graymalkin, le familier d'une sorcière dans Macbeth). Familiers et joueurs se frottent et s'affrontent dans une frénésie amusante et enlevée qui serait drôle à vivre si les enjeux n'étaient pas aussi élevés.
Pour ce qui est de ces joueurs tenant le sort du monde
(et leur propre survie) entre leurs mains et qui n'apparaissent qu'à travers ce qu'en dit Snuff, on prendra plaisir à reconnaitre Sherlock Holmes et Watson, un succédanné de Raspoutine, un Frankenstein qui doit plus à la Hammer qu'à Mary Shelley, un Wolfman de la même eau, entre autres et sans oublier un prêtre diabolique qui implore la venue des Grands Anciens.
Les coups bas se succèdent et la tension monte, jusqu'à la date fatidique ; il faudra lire jusqu'au bout pour savoir si le monde est sauvé ou pas
(dans un climax que sa concision rend un peu décevant). Les lecteurs les plus cacochymes se souviennent peut-être d'un film de 1983 baptisé
Hysterical, de sa parodie assumée des films d'horreur, de sa montée en tension progressive, de son cycliste Cassandre ne cessant de répéter « Ca couve ». C'est à un
Hysterical version papier que Zelazny convie le lecteur, aussi peu profond mais aussi drôle et dynamique.
Le songe d'une nuit d'octobre, Roger Zelazny
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