The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

La guerre des Lulus - Hautière - Hardoc - Touchant


Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre orphelins hébergés à l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt en Picardie. Inséparables car ils partagent une chambre à quatre, ils forment les Lulus, un groupe soudé comme les quatre doigts de la main d'un Mickey franco-belge.
Chacun connaît des autres ses espoirs, ses peurs, ses doutes, ses faiblesses. Chacun compte pour les autres et sait qu'il peut compter sur eux. Au sein de la micro-société de l'orphelinat, ils forment une communauté.

Coupés du monde par leur lieu de vie (un orphelinat clos près d'un petit village), la date de l'histoire (1914, donc sans TV, smartphones, etc.), et l'organisation de l'institution (qui fait tout pour épargner aux enfants le fracas du monde jusqu'à leur cacher la raison du départ précipité de l'instituteur, et les remplir en parallèle de l'amour et de la crainte de Dieu), les Lulus ignorent que la guerre arrive à leurs portes.

Alors, un jour qu'ils jouent dans le bois proche, un ordre d'évacuation d'urgence arrive. Orphelins et adultes doivent, sous la conduite de soldats français, quitter leur ville évacuée en raison de l'avancée allemande. On cherche les Lulus. En vain. Ils restent donc involontairement en arrière.
Passé la surprise du retour dans un orphelinat vide, les quatre garçons comprennent vite qu'ils sont maintenant seuls, et assez vite que c'est à cause de cette guerre dont ils avaient peu ou prou entendu parler. Ils comprennent aussi qu'ils vont devoir se débrouiller pour survivre en attendant le retour des Français. Un jour. Qui sait ?

Naïf au bon sens du terme, "La guerre des Lulus" est une jolie BD. Les Lulus sont seuls et apeurés, mais débrouillards aussi, enfantins mais pas puérils, plein d'interrogations et de métaphysique de bazar. Ils parviendront à survivre même si c'est difficile (on peut lire la BD comme un album post-apo, ça fonctionne très bien, les problématiques : nourriture, médicaments, environnement hostile, sont les mêmes).
Et, dans cette épreuve inédite, les Lulus ne sont pas les plus aptes. Ils sont jeunes, des enfants dans un monde où l'autorité des adultes est absolue. Vivant dans leur univers d'enfants, ils ignorent presque tout du monde, même proche, sont plein des bondieuseries de l'abbé, sont confondants de naïveté sur les questions les plus simples.
Mais les Lulus ont une force invincible, c'est leur solidarité, leur certitude de petits orphelins d'être dans le même bateau et de devoir se soutenir les uns les autres. Elle leur permettra, dans cet album, de survivre à l'hiver dans un village vidé tant de ses habitants que de ses provisions, et même d'intégrer – à titre exceptionnel – une petite fille belge perdue par ses parents lors de leur exil. Certes, elle n'est pas vraiment orpheline mais, à cet instant, elle l'est de facto. Alors...

Jolie histoire joliment racontée, "La guerre des Lulus" est une BD sur la Grande Guerre vue comme une aventure à la Robinson suisse. Rafraîchissante par rapport à tout ce qu'on en lit d'habitude. Un petit plaisir de vacances.

La guerre des Lulus t1, La maison des enfants trouvés, Hautière, Hardoc

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