The Deviant Book One - Tynion - Hixson

Noël 1973. Quelqu'un à Milwaukee a été un très vilain garçon. Un tueur habillé en Père Noël a assassiné et profané les « elfes » du grand magasin local, des adolescents déguisés recrutés pour les fêtes et retrouvés martyrisés. Découvert dans son antre par la police du coin, le Père Noël sanglant a le temps de blesser très gravement au visage l'un des agents lancés à ses trousses avant de prendre la fuite dans la nuit enneigée. Assez vite on soupçonne Randall Olsen, un employé du même grand magasin dont on découvre qu'il a photographié à leur insu les victimes sous la douche. A cet élément de preuve objectif s'en ajoute un autre qui l'est beaucoup moins, Randall Olsen est homosexuel. Déviant, dans la perception de l'époque, déviant donc coupable – si ce n'est toi c'est donc ton frère. Olsen est arrêté et condamné à la prison à vie. Cinquante ans plus tard, un jeune homme de Chicago, auteur de comics en recherche d'identité artistique, commence des rec...

Retour de chronique : Baudelaire le diable et moi - Claire Barré

Retour de chronique publiée dans Bifrost 79

Barré, "Baudelaire, le diable et moi", second roman de la Claire du même nom, l’est assurément. Qu’on en juge.

B. est une jeune femme dépressive, inactuelle, un peu gothique, qui se rêve poète. Très seule dans ce Paris vernien qui n’aime plus la poésie, elle vivote de petits boulots qui l’indiffèrent. Ses seuls émois sont pour les poètes, Baudelaire surtout. Alors, quand un diable nommé Melmoth lui propose de vendre son âme contre la possibilité d’aller dans le passé rencontrer ses poètes favoris (Baudelaire, Rimbaud, d’autres encore), elle n’hésite pas. De brèves rencontres en fugues érotiques elle réalise son rêve, jusqu’à ramener chez elle un Baudelaire, involontaire muse qui se révèle vite inadaptée à l’époque.

Le roman commence bien. Sur un ton très ironique, B. décrit à la première personne un monde de la superficialité et de la marchandise – le nôtre – qui ne fait plus de place à la beauté poétique. Truffé de références tant explicites que cachées, le texte est un cri d’amour, justifié, à la poésie du tournant XIXème/XXème. De plus, l’idée du voyage dans le temps est intéressante. Elle offre à B. l’occasion de quelques réflexions pertinentes sur la difficulté à parler vraiment à un auteur qu’on admire quand on vient à le rencontrer. Comment parler à l’auteur quand c’est l’homme qu’on a en face ? Les chasseurs de dédicaces comprendront. Elle lui donne aussi l’occasion de dire deux ou trois choses, rapides, sur le pouvoir qu’a l’art de modeler le monde.

Hélas, assez rapidement, l’ironie cède la place à une sorte de farce souvent lourde. Le texte y perd en force et devient progressivement une de ces blagues ratées qu’on écoute avec un peu de gêne. D’autant qu’on n’accroche jamais à B., trop peu construite pour être émouvante, et que les personnages secondaires, juste esquissés, n’aident pas. Sans parler d’un Baudelaire dont on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère, entre slam et écriture de série TV.

Enfin, le roman se conclut par une épiphanie à la Trainspotting, atrocement décevante. La B. en quête d’absolu s’adapte, choisit la vie, dit son amour aux petites joies simples de l’existence dans une succession de phrases qu’on croiraient tirées d’un recueil de pensées positives. Tout ça pour ça ! Sed non satiatus.

Baudelaire, le diable et moi, Claire Barré

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