The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Insistence of Vision - David Brin - Pétillant


"Insistence of vision" est un recueil de nouvelles SF de David Brin.

L’ouvrage commence par deux préfaces. La première, de Vernor Vinge, est un hommage de ce grand auteur au collègue et ami qu’est pour lui David Brin. Le seconde, sous la plume de Brin lui-même, développe ce qu'il nomme « The Heresy of Sience Fiction ». Il y explique le rôle de la SF comme outil d’extrapolation dont la fonction sociale serait de prévenir l'Humain, de le motiver à changer ou à éviter des avenirs néfastes, de signaler aussi la possibilité de lendemains qui chantent. La SF énoncerait donc des self-preventing prophecies, nous enjoignant à être plus intelligents ou meilleurs afin de ne pas plonger tête baissée dans un possible que la SF a décrit à titre d’avertissement. Elle pointerait aussi, d'autres fois, des avenirs utopiques vers lesquels tendre. A contrario de l’éternel passé de la fantasy, la SF nous interroge sur le futur dans le but de nous faire réfléchir sur celui-ci comme possibilité, puis de nous offrir la chance d’altérer la course du monde, son historicité, pour aller vers les futurs désirables et esquiver ceux qui ne le sont pas.
La SF ne parle que du changement, de la disruption, des effets globaux de changements locaux. La SF est une gedankenexperiment fictionnalisée. La résistance n’y est pas inutile, les parents peuvent y apprendre des erreurs de leurs parents. Sinon c’est de la fantasy avec des lasers (cf. Star Wars).

Brin illustre ensuite son point grâce à 22 textes (qu’il commente), groupés en 6 catégories. Toujours imaginatifs, souvent drôles, remplis de références clins d’œil à d’autres auteurs ; c’est l’optimisme qui domine cette collection de récits, même quand il ne saute pas dès l'abord aux yeux. C’est la SF que veut Brin, inventive, agréable, et intelligente. Même si, comme dans tout recueil, tout n’y est pas d’un niveau égal, l'ensemble est plaisant et donne à réfléchir.

What we may become parle de notre évolution possible comme espèce et société. On y trouve l'intrigant Insistence of Vision et son système pénal virtuel, le foisonnant Transition Generation qui décrit une journée normale de l'avenir - the new normal - et montre comment chaque génération s'adapte sans mal à ce qui paraissait incroyable à ses devancières, Chrysalis, un texte sur l’évolution génétique de l'Homme, le très Eganien Stones of Significance qui se demande si nous sommes faits de la substance dont on fait les songes, enfin le très court News from 2035.

How we'll endure traite de résistance et d’espoir. Dans un univers non développé en roman de Brin, l'Humanité a été conquise par des aliens "cosaques" qui ont instaurés un système impérial interplanétaire qui rappelle fortement la Russie tsariste. C'est cet Univers qui sert de cadre aux trois nouvelles. The Logs, dans une colonie pénitentiaire, parle d’espoir individuel, The Tumbledown of Cleopatra Abyss, dans une originale société matriarcale sous-marine de pénurie, d'espoir historique, Eloquent Elepents Pine Away for the Moon's Crystal Forests, de résistance politique.

When we overcome, c'est quand nous gagnons. Mars Opposition est un texte délirant à la Twilight Zone qui parle de sacrifice et de ce qu'on peut gagner en acceptant de payer le prix du sang. Un texte qui aurait pu être un classique du temps de la Guerre froide. A Professor at Harvard est une enquête documentaire à l'ancienne qui met à jour les causes historiques de ce normal pour le narrateur qui est uchronique pour le lecteur. I Could've Done Better est un texte volontairement drôle de Brin et Benford dans lequel un homme au grand potentiel mais aux maigres réalisations se voit confier la mission de partir dans le passé pour changer toute l'Histoire du monde et donner à l'Humanité une chance de survivre à une agression future. Paris Conquers All de Brin et Benford encore est un hommage amusant à Jules Verne, écrit dans le style de l'époque, qui voit Paris vaincre les martiens de La guerre des mondes. A Retrospective By Jules Verne, des deux mêmes, revient des années plus tard sur les évènements.

Who we'll meet traite de nos rencontres avec l'Autre. Fortitude est une histoire de premier contact décevant pour l'Humanité, dans une univers qui évoque celui de l'Elévation. An Ever-reddening Glow est un texte à chute très drôle sur la pollution de l'univers par les races sentientes. The Diplomacy Guild, pas compris. The Other Side of the Hill présente une race fuyant un monde à l’environnement ruiné et découvrant que les autres sentients ne sont guère plus vertueux.

Where we will go est la partie de l'aventure lointaine. On y trouve d'abord Temptation, une novella dans l'univers de l'Elevation. Pour ceux qui connaissent, ça raconte les tribulations des dauphins restés sur Jijo. On y relit avec plaisir les trilles des delphinidés. Avalon Probes, une Race for the Stars à la construction temporelle intéressante.
Plus des nanonouvelles en six mots et la courte nouvelle Reality Check.

Enfin, Why we'll persevere, où il décrit l'être humain comme celui qui mène la Guerre à la réalité. Pour la changer. Revenant ainsi à son point initial.

Le tout est très recommandable, d'autant plus que Brin remet de l'optimisme dans une SF contemporaine que certains considèrent parfois comme trop noire et dystopique. C'est pétillant. Penser à ne pas s'en priver !

Insistence of Vision, David Brin

Commentaires

shaya a dit…
Ca a l'air vraiment chouette en tout cas ! Je regrette de ne pas avoir le niveau suffisant en anglais pour le moment, plus qu'à espérer (sans trop d'espoir) que ça sera traduit!
Anudar a dit…
Je comprends pourquoi tu attires mon attention là-dessus. A voir quand ça sera traduit, ou si je le trouve en poche en VO...

Solarpunk ou pas ?
Gromovar a dit…
Pas solarpunk. SF radieuse.

A lire gratuitement :

http://www.davidbrin.com/tumbledowns.html

http://www.davidbrin.com/temptation1.html

Et sinon, "Transition Generation" n'est pas gratuite mais elle est excellente.
Vert a dit…
Ca donne bien envie, j'espère qu'on le verra arriver en vf un jour.
(je vais quand même le noter dans ma wishlist VO des fois que j'ai des ambitions dans le domaine...)
Gromovar a dit…
C'est assez simple à lire en VO je trouve. Peu de néologismes.
Vert a dit…
C'est bon à savoir, merci ^^.
Lorhkan a dit…
David Brin fait partie des "grands B" de la SF (Brin, Bear, Benford), son nom est connu, alors pourquoi pas une traduction ?
Parce que les "grands B" étaient connus dans les années 90 et que le seul nom de David Brin ne fait plus vendre ? Parce que les nouvelles ça se vend moins que les romans ? Ok...

On peut espérer quand même, d'autant que ça a l'air vraiment intéressant, merci pour l'article. ;)
Gromovar a dit…
Ouais, ça serait bien. Wait and see.