L'Ombre sur Innsmouth - Lovecraft illustré par Baranger

Comme deux fois déjà , je signale la sortie d'une adaptation de Lovecraft par François Baranger. Il s'agit cette fois de The Shadow over Innsmouth , ici traduit littéralement L'Ombre sur Innsmouth au lieu du plus traditionnel Le Cauchemar d'Innsmouth . Comme pour les deux adaptations précédentes, je ne vais pas chroniquer un texte connu et maintes fois résumé, analysé, décortiqué. Je te renvoie donc pour l'histoire, lecteur, à la fiche Wikipedia de la nouvelle, fort bien faite si ce n'est qu'à l'instant où j'écris ces mots la version de Baranger ne s'y trouve pas encore. Tu prendras plaisir, j'en suis sûr, à lire la belle préface de Sandy Petersen, notre maitre à tous, à parcourir les rues de la très décatie Innsmouth dans les pas de Robert Olmstead, à pénétrer dans la délabrée Pension Gilman, à contempler la façade du bâtiment abritant L'Ordre ésotérique de Dagon , à côtoyer des Marsh, trop de Marsh. Le "masque d'Innsmouth...

Tainaron - Leena Krohn, la ville des Beetles

"Tainaron", une ville fictive inventée par l’auteur finlandaise Leena Krohn. Une ville weird qui rappelle celle des Saint et des Fous de Vandermeer. Une ville habitée par une race insectoïde, décrite au fil de trente lettres par une narratrice inconnue et humaine en visite à Tainaron, pour une raison que le lecteur ne connaitra pas, et qui n’a pour seul guide (fixer devrait-on dire) que le taciturne Longhorn, insecte de son état.

D’une missive à la suivante, le lecteur pénètre ce topos définitivement étranger. Il y croise les lucioles - fascinantes et éphémères, la reine – écrasée par le poids de sa maternité servile, le prince – désespéré depuis la perte de son amour, des insectes en cours de métamorphose – gelés dans d’interminables phases pupiques – que le processus transforme au point d'en faire de toutes nouvelles personnes. Il y apprend aussi l’existence d’un culte sacrificiel, l’impossibilité de cartographier une ville en transformation constante, et y côtoie des personnages qui inquiètent par l’étrangeté de leur incompréhensible comportement. De processions étranges en souvenirs et regrets d’une vie d’avant, il y partage les rythmes d’une ville que l’hiver menace, la certitude d’une hibernation à venir, l’effroi optimiste de nouvelles métamorphoses qui changeront les habitants autant qu’elles transformeront la ville.

Etranger, poétique, surprenant, "Tainaron" emmène le lecteur dans un voyage en terre inconnue. Le (court) livre est d’une lecture douce et apaisante même si on peut regretter une lenteur/langueur par moments pesante. Une fois refermé, on aimerait des suites, plus dynamiques, on aimerait que des individualités fortes s’invitent dans la communauté des insectes, on aimerait qu’après avoir raconté un lieu Krohn y installe une histoire.

On notera que Krohn, qui a failli obtenir le World Fantasy Award pour "Tainaron", vient de voir beaucoup de ses œuvres traduites en anglais dans l’omnibus Collected Fiction, préfacé par Jeff Vandermeer ça n’étonnera personne.

Tainaron, Leena Krohn


L'avis de Martlet

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