The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Sandman Overture - Gaiman : Vieux pot, mauvaise soupe

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve dit-on. C’est vrai, même pour Neil Gaiman. Qu’alla-t-il faire dans cette préquelle ?

1989. Avec les huit épisodes de Préludes et Nocturnes, Gaiman commençait ce qui serait la très longue série Sandman, multiprimée, forte de 75 épisodes principaux s’étendant sur plus de 2000 pages. La série se termina au numéro 75 en 1996 et Gaiman n’y revint pas jusqu’à aujourd’hui.
A côté, on pouvait néanmoins trouver de nombreux spin-offs écrits par d’autres, parmi lesquels l’excellente série Lucifer (bientôt adaptée de façon ridicule à la TV) et ses 75 épisodes aussi. Mais, mis à part un petit coup de revenons-y en 2003 avec Endless Nights, un comic mettant en scène chacun des Infinis de la famille de Rêve, Gaiman lui-même avait lâché l’affaire. Jusqu’à récemment. On ne devrait jamais recoucher avec ses ex.

"Sandman Overture" est donc une série complète en 6 épisodes écrite par Gaiman himself et illustrée par J.H. Williams III. Elle décrit les évènements, jamais racontés, qui précèdent le premier épisode de la série principale - c’est à dire ce qui se passe avant Préludes et Nocturnes #1 - et expliquent que Rêve y ait été si fatigué qu’il fut facile à l’occultiste Roderick Burgess de le capturer et de l’emprisonner. Pour 70 ans quand même.

On voit donc dans Overture comment toute la Création manqua être détruite juste avant le début de la série principale, ce qui nous en aurait privés. Fichtre ! On voit que Rêve, aussi solitaire que jamais, est le responsable principale de ce quasi-désastre et qu’il doit, dans toutes ses incarnations oniriques, intervenir pour le réparer (on pourra s’interroger d’ailleurs, au vu du récit, sur les leçons que nous pourrions tirer ici et maintenant des conséquences funestes d’une trop grande miséricorde ; responsabilité politique et sensiblerie s’accommodent bien mal l'une de l'autre). On voit, bien sûr, le problème être réglé, l’existence même de la série à suivre nous l’annonçait.

Pour un lecteur de l’Intégrale, Overture est plaisant. On a l’impression de remettre des pantoufles dans lesquelles on était à l’aise. Mais guère plus.
Certes on a enfin la réponse à la question qui nous taraudait tous (no kidding !) sur l’origine de la fatigue de Rêve. On fait la connaissance des parents de Rêve, on revoie un peu ses frères et sœurs, et on fréquente une bien gentille petite fille opportunément prénommée Hope. On est aussi témoin de la réunion de tous les Rêves de l’univers, sous toutes leurs formes chatoyantes ; au début j’ai cru que c’était le Green Lantern Corp, et le corps est cité dans le comic ce qui prouve que Gaiman a bien dû y penser aussi.
Mais on lit aussi une histoire qui n’est pas exceptionnelle, qui est très linéaire, et dont les personnages secondaires sont, contrairement à l’habitude, trop en arrière plan.

L’immense qualité de la série originale avait deux sources principales imho. D’une part la liaison parfaite entre le personnage principal « Rêve » et les nombreux personnages secondaires, d’autre part la manière presque magique qu’avait Gaiman d’arriver à relier finalement en un tout cohérent des idées qui partaient dans toutes les directions. Ce n’est guère le cas ici. Des enjeux énormes ne font pas un récit énorme ; je pourrais même dire du mal d’une résolution à la « Rêve pour toi un univers meilleur », objectivement puérile, mais je ne le ferai pas. C’est une saga cosmique presque banale que nous livre Gaiman, avec gros joueurs, fin de l'univers, dimensions à n'en plus finir, and so on... Du Marvel ou du DC cosmiques dans leur versions les moins réussies. Restent les dessins, colorés et étonnants, mais leur accumulation sans une vraie histoire pour les soutenir donne un peu trop l’impression qu’il s’y est agit de retranscrire un trip sous LSD.

Pour collectionneurs seulement. Si j’avais commencé par ce volume, je ne serais jamais allé plus loin.

Sandman Overture, Gaiman, J.H. Williams III, et al.

L'avis de Benoit Felten

Commentaires

Vert a dit…
Je vais sûrement le lire (fan oblige) s'il est traduit, mais je prends note qu'il n'est pas à la hauteur du reste (en même temps ça ne me surprend pas vraiment).
Gromovar a dit…
Vraiment pas. Pour collectionneur (comme nous) seulement.
Vert a dit…
Maintenant que je l'ai lu... effectivement il est un peu faible (presque trop touffu à mon goût pour une histoire si courte). Et comme souvent je me dis qu'un bon mystère vaut mieux qu'une mauvaise révélation. Mais j'ai bien aimé les deux trois renvois à certaines histoires. Et les dessins, mazette !
Je ne sais pas ce que tu as lu comme édition mais la version française y'a 50 pages de bonus sur la conception qui en mettent plein les yeux. Ca compense la petite déception et ça reste un bel objet tout de même ^^.
Gromovar a dit…
J'ai lu la VO alors...
Dommage néanmoins. On ne fait pas toujours les meilleures soupes dans les vieux pots.