The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Sissi face à son destin


"Half a crown" est le troisième et dernier tome de l’uchronie Small Change, de Jo Walton.

A la fin de la lecture du premier tome Farthing (bientôt chez Lunes d’Encre), je n’avais pas poursuivi car le roman se suffisait à lui-même et que j’avais d’autres fers au feu. Plus tard, j’ai lu avec plaisir Ha’penny, qui se passe peu après et complète l’histoire de Farthing.
Aujourd’hui je lis "Half a crown", qui conclut la trilogie en étant, hélas, le moins bon des trois.

Partons du principe que les lecteurs ont lu mes deux précédentes chroniques. Comme ses prédécesseurs, "Half a crown" est construit sur deux fils alternés. Dans l’un, une femme raconte à la première personne, dans l’autre, les  investigations de Carmichaël sont narrées à la troisième personne. Cette alternance faisait des deux premiers volumes de vrais page turner. Mais ici, le couple ne fonctionne pas.

Il y a deux raisons à ça imho.

D’abord, le roman est situé en 1960, lors d’une conférence de paix – ou de partage du monde - réunissant (après l’anéantissement de l’URSS par un Japon nucléarisé) le premier ministre anglais Normanby, le chancelier Hitler, le prince impérial japonais, et quelques autres, dont le funeste Duc de Windsor qui tente un retour aux affaires. A l’occasion de l’événement, un coup d’Etat est en préparation ; c’est à Carmichael, de nouveau en piste, de le déjouer.
Problème, il est devenu le chef d’un service de police politique (surnommée la Gestapo par ses détracteurs) et « enquête » donc en lançant des ordres depuis son bureau directorial. Plus de terrain, plus de ce qui faisait les qualités du personnage, son flair, son sens de l’observation, son sens de la déduction. Vers la fin du roman, il paraît étonné lui-même d’avoir toujours ces compétences. Trop tard pour le lecteur. On voit donc Carmichaël fulminer, s’interroger, passer des coups de fil, avoir des réunions de travail, et guère plus. Mouais.
De plus, si l’intrigue politique est intrinsèquement intéressante, elle est ici trop survolée. Cette fois le nombre raisonnable de pages (environ 300) dessert Walton alors qu’elle la servait dans les deux premiers tomes.

Ensuite, le personnage féminin ne fonctionne pas. Loin des fortes et volontaires Lucy Kahn, qui épouse un juif en dépit de la consternation affligée de toute sa famille, et Viola Lark, qui renonce à son héritage patricien pour faire du théâtre, Elvira Royston est au mieux terne, au pire insupportable. D’une inculture et d’une naïveté absolues (qui s’expliquent certes par l’éducation aristocratique qu’elle a reçue), et d’une bêtise confondante qui donne souvent envie de hurler, elle commence par attendrir – pauvre petite fille riche déconnectée de la réalité – avant de rendre hystérique car nul ne saurait impunément être aussi stupide. Les pensées d’Elvira ne tournent qu’autour de sa présentation à la reine et des problèmes liés au mariage des filles dans la haute société anglaise. Même les graves mésaventures qu'elle vit, bien tard, ne la détourne pas complètement de ces problématiques.
Et pourtant, c’est Elvira, en grand partie, qui permettra de trancher le nœud gordien. Pas grâce à son intelligence – l’idée lui est donné par Raymond, un prolo intelligent et ouvert à qui sa classe a interdit l’accès aux études, le seul personnage vraiment aimable du roman même s’il ne fait qu’une courte apparition – mais grâce à ses contacts. Il y a surement un point là, mais celle qui sert à le démontrer assassine le roman par sa seule présence.

Je ne vais pas donner d’exemples ici, les lecteurs se feront une idée. Car il n’est pas inutile de lire "Half a crown". Walton y conclut son histoire, complètement. On pouvait lire Farthing seul, on pouvait aussi ne lire que le diptyque qu’il constitue avec Ha’penny. Walton a voulu conclure avec "Half a crown", refermer, d’une manière qui semble bien simple et rapide, la parenthèse, en bouclant ses fils narratifs et en remettant en scène, pour de brèves apparitions, des personnages des deux premiers romans. On pourra donc lire pour avoir une histoire complète en regrettant que la dystopie que constitue "Half a crown" ne soit pas plus convaincante.

Half a crown, Jo Walton

Commentaires

Vert a dit…
On va déjà voir ce que donne le premier tome quand il sortira en français ^^
Gromovar a dit…
Je suis en train de faire la promo du premier tome à tous les gens que je rencontre.
Lorhkan a dit…
Donc tu es devenu l'agent de Jo Walton en France ? ;)
Gromovar a dit…
Je laisse les ventes crever le plafond puis je présenterai ma note ;)
Lhisbei a dit…
Quel titre de chronique ^^ C'est sûr qu'avec ce titre là tu vas en vendre quand même du Half a crown...
Bon je le lirai quand même (c'est pour la cause) mais je suis moins chaude (merci de ne pas sur interpréter cet adjectif) sur les deux derniers tomes...
Gromovar a dit…
Tu saurais pas à quel rythme ils vont sortir par hasard ?
Lhisbei a dit…
tss tss, Gromovar, il faut lire le blog de LE :
"Le cercle de Farthing (premier volume de la trilogie du Subtil changement), Jo Walton, en février 2015."
"Suivront, avec un taux d'incertitude acceptable quant au timing [...] et en fin d'année le second volet du Subtil changement orchestré par Jo Walton."

Et donc au mieux 2016 pour le dernier tome je suppose ^^

(non je ne cherche pas à faire concurrence à Google, c'est juste mon côté archiviste de la blogo qui parle)
Gromovar a dit…
Voila pourquoi c'est à toi que je demande ;)
Merci :)

Sinon, très dommage que le jeu de mot (Small Change : petit changement et surtout petite monnaie), sans lequel les titres n'ont pas grand sens, n'ait pas pu être préservé.
Lhisbei a dit…
De rien. :)

En parlant de farthing, j'ai souvenir d'une très belle note de bas de pages de Patrick Marcel dans L'Océan au bout du chemin. (là : http://scontent-a-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-xpf1/v/t1.0-9/1503356_976927609000453_5425604141035741861_n.jpg?oh=e05a70e3dd4b6a43a6548c20b4c224d2&oe=5546EC90)

Gromovar a dit…
Magnifique :)
Tigger Lilly a dit…
Dommage. Mais bon on se régalera tout de même avec les deux premiers :D
Acr0 a dit…
À l'inverse, j'ai trouvé qu'Elvira était un personnage plutôt convaincant avec le package "éducation aristocratique, jeune demoiselle qui ne connait rien à la société, prête à être présentée à la reine et de devenir enfin une lady". Elle est agaçante, comme l'a sans doute voulu Jo Walton. En VF, nous avons eu la chance que la trilogie soit publiée en un tout petit plus d'un an.
Visiblement là où tu as coincé, moi j'ai adoré. Comme quoi. Et quand le livre tombe juste au bon moment, il est sans aucun doute magnifié.
Gromovar a dit…
J'attends toujours beaucoup (trop ?) de la partie proprement politique ;)