Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Pals battalion


A l’occasion du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, Corbeyran se lance dans une série fleuve en dix épisodes publiés sur cinq ans. Il s’associe à Etienne Le roux, assisté de Loïc Chevalier et Jérome Brizzard.

"14-18" racontera l’histoire d’un groupe d’amis, huit hommes et huit femmes, de personnalités et de milieux sociaux différents, jetés dans la Grande Conflagration. La Grande Guerre, prévue pour durer quelques semaines, soufflera certaines de ces vies, en broiera irrémédiablement d’autres, et changera en profondeur ceux qui en reviendront.

La série progressera chronologiquement sur la durée de la guerre, suivant les destins brisés de la petite bande, mais chaque album pourra être lu comme un one-shot, équilibre réussi au vu du premier opus.

Le petit soldat s’ouvre avec Louis, gueule cassée, attendant, en 1919, la prothèse qui lui rendra un peu visage humain. Devenu fou, il ne cesse de répéter cette phrase : « il a été blessé, il a perdu sa baïonnette, il ne peut plus se défendre, tu peux le protéger, toi, tu es un vrai soldat ». L’album permettra au lecteur de comprendre le sens de cette mystérieuse mélopée en l’emmenant aux premières loges du début d’une guerre que tous prévoyaient courte et victorieuse.
De la joie d’une fête de fiançailles interrompue par la mobilisation aux premiers combats et aux premières tueries, le lecteur suit les huit amis dans ce qui n’est pas encore l’enfer des tranchées mais déjà un ballet de mort, rendu plus tragique encore par l’obstination absurde d’officiers hautains, formés à l’école de l’assaut héroïque et transportés sans même s’en rendre compte sur des champs de bataille où la chevalerie surannée tombait sous le feu des mitrailleuses.

En peu de pages, Corbeyran suscite une vraie sympathie pour ces malheureux qui ne savent pas vers quoi ils marchent et pour leurs femmes qui, à l’arrière, attendent leurs hommes sans savoir encore qu’elles vont devoir s’organiser seules pour longtemps, et trembler pour eux, peut-être, pendant des années.

Les dessins, réalistes, sont beaux et fouillés. Les couleurs rendent parfaitement l’ambiance de l’époque. La très belle couverture résume à merveille, rétrospectivement, ce qui s'annonce, dernière photo insouciante avant le plongeon dans l'horreur.

Un bien beau travail de mémoire mais aussi de BD pure, qui, à côté de l’œuvre de Tardi ou de Le Naour, met des hommes dans la guerre et nous invite à compatir, au sens étymologique du terme.

14-18 t1, Le petit soldat, Corbeyran, Le Roux

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