Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Ici, on ne sert pas les nègres


Décidément, les années 60 ne me réussissent pas ces temps-ci.
Grosse déception avec le scénario de ce "MotherFucker" qui avait pourtant tout pour plaire a priori.

"MotherFucker" (fils de pute) ; c’est le terme qu’utilisaient entre eux, pour s’interpeler, les membres du Parti Black Panther. Mouvement révolutionnaire d’obédience marxiste créé en 1966 par Bobby Seale et Huey Newton, les Black Panthers militèrent, comme bien d’autres organisations, pour l’égalité des droits entre blancs et noirs aux USA, inscrivant néanmoins leur lutte dans une réflexion plus large sur les inégalités visant à transformer la « guerre des races » en « guerre des classes ». L’équilibre lutte ethnique/lutte sociale était presque impossible à trouver, problème que n’eut pas la Nation of Islam de Malcolm X par exemple dont l’identité militante ethnico/religieuse était claire.

Célèbres pour leurs bérets noirs empruntés à Che Guevara, à l’origine du programme « Breakfast for children » et plus largement militants actifs de l’empowerment, ils devinrent mondialement célèbres en 1968 lorsque les coureurs Tommy Smith et John Carlos (puis plus tard Lee Evans, Larry James, Ronald Freeman) levèrent un poing ganté sur le podium du 200 mètres, et inventèrent sans doute l’utilisation du terme « Pigs » pour désigner les flics. C’est pour déclencher la guerre des races qu’il attendait de ses vœux que Charles Manson fit écrire, sur le mur de la maison où furent massacrés Sharon Tate et ses amis, le message « Death to Pigs » en lettres de sang.

Les Black Panthers rédigèrent, en 1966, un programme en dix points (fort décents) qui est développé et charpente le scénario dans "MotherFucker", d’une manière bien trop didactique et anticlimatique. On y voit le racisme ordinaire, la discrimination, et la misère des noirs pauvres. Malheureusement rien qu’on ne connaisse déjà si on a été assez motivé pour acheter ces albums. A part ça, peu d’informations politiques ou historiques approfondies et une histoire, je le répète, trop banale et bien trop mélo.
Le dessin, en revanche, est de très belle facture. Lavis à l’encre et ligne claire font le boulot. C’est déjà ça.

MotherFucker, récit complet en 2 tomes, Ricard, Martinez

Ami lecteur, si le sujet t’intéresse, va plutôt voir l’impressionnant Malcolm X de Spike Lee. De là, tu sortiras éclairé et époustouflé.


Commentaires

Efelle a dit…
Le film de Spike Lee laisse une impression durable en effet, de même que certains discours de Malcom X vu dans un documentaire/
Gromovar a dit…
Yep. Un grand personnage, et ses discours sont sur Youtube.