Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Le Player's Handbook plutôt qu'Indignez-vous !


"Mon Donjon, Mon Dragon" est le premier roman publié, en numérique chez Walrus Editions, de Lilian Peschet, écumeur de réseaux sociaux et nerd assumé.

Disons le tout net, à priori les aventures des trentenaires esseulés sararimen dans un monde cruel ne sont pas ma tasse de thé. Et n’eut été l’angle geek, je n’aurais vraisemblablement pas lu "Mon Donjon, Mon Dragon". J’y suis venu néanmoins, angle aidant, et je ne le regrette pas.

Peschet décrit avec beaucoup d’humour et (à mon goût pas assez) de cynisme, l’univers et la vie de Bram, un geek first class (voire un nerd), codeur pour une société de création de sites, sentimentalement très seul à Paris, mais entouré d’amis avec qui il joue à Dungeons et Dragons et à Blood Bowl entre autres, ainsi que de collègues qui boivent avec lui au bar à vin après le taf. Il rencontre un amour qui bouleverse sa vie, sa vison du monde, et le fait entrer dans un monde de militants politiques qui, s’ils se pensent plus « adultes » que lui (profondément « concernés » et participatifs) présentent les mêmes obsessions, les mêmes engouements puérils et militants, la même incapacité de sortir du cadre. Changera-t-il ou pas ? C’est l’enjeu du roman.

Avec "Mon Donjon, Mon Dragon", l’auteur fait pénétrer le lecteur dans un monde de jeunes hommes souvent machistes et régressifs, fans de ce qu’on nomme souvent la pop culture et impliqués dans celle-ci au point de vouloir en prendre le contrôle ou en assurer « l’intégrité ». Il décrit l’ennui du célibataire, la manière de remplir son temps en compagnie d’autres geeks - célibataires aussi - le boulot plus du tout intéressant et devenu alimentaire, les clients foireux et nuls, à fortiori quand ils sont politiques, la branlette comme passe-temps et rapport sexuel accessible. Mais il montre aussi une vie pleine de jeu, d’amis, de passions, de plaisir. Une vie agréable. Ne manque qu’une compagne et du vrai sexe, la biologie a ses raisons (même si ceci est dangereux pour la cause, combien de geeks sortirent des radars après une rencontre sentimentale ? ).

Découvrant l’amour (ou seulement le sexe), l’engagement (et même Stéphane Hessel), Bram réévalue sa vie. Il devient plus adulte et bien moins sympathique. Est-ce pour le meilleur ? Il faudra lire pour le savoir.

Peschet livre ici un petit roman rapide, sans prétention, rythmé, vif, pétillant, et souvent drôle. En dépit de quelques rares longueurs dans sa partie centrale, le livre se lit très vite car le personnage amuse et attendrit.
Je ne sais pas comment il peut être reçu par un étranger à la pop culture geek, mais je pense que si vous êtes geek, si vous connaissez des geeks, si vous aimez un geek, ou si vous rêvez de devenir un geek, ce livre vous amusera et vous fera passer deux bonnes soirées de lecture.

Nicolas Gary sur Actualitté qualifie le roman de houellebecquien. Il y a un peu de ça dans le cynisme et la désorientation en effet.

Si vous ne savez toujours pas quoi faire, jetez un d20 et consultez la table des achats de livre.

Mon Donjon, Mon Dragon, Lilian Peschet

Commentaires

Efelle a dit…
Je ne sens, ni ne me crois geek...

Pas emballé...
Gromovar a dit…
Tant pis alors.
Le pendu a dit…
Lu sur un coup de tête, et parce que tout ce qui s'écrit sur le jeu de rôle m'intéresse. Malheureusement je trouve l'écriture très très plate. Et les clichés sont là par milliers... Dommage.
Gromovar a dit…
J'ai trouvé ça plutôt marrant et le côté peu écrit me parait "adapté".
Le pendu a dit…
http://lependu.blogspot.ch/2013/06/mon-donjon-mon-dragon-lilian-peschet.html

Ben voilà, c'est lu. Je n'en pense pas grand bien.
Gromovar a dit…
Happens. Désolé pour le mauvais conseil.
Le pendu a dit…
Pas de soucis, c'est le jeu. C'était quand même une lecture intéressante. Disons que j'ai un vague projet littéraire parlant du JdR, qui est un sujet très très dur à aborder.
J'ai essayer d'en parler dans un des textes de Petites Morts (Toujours être ailleurs), je me demande si un jour j'en fais un roman. A voir...
Gromovar a dit…
J'y regarderai avec plaisir si ça se fait.
Alias a dit…
Je suis également en train de le lire, sur la suggestion de monde+chien.

C'est sympa, mais pas ultra-enthousiasmant non plus.
Gromovar a dit…
C'est pas Guerre et Paix c'est sûr, mais ça m'a amusé. Et vu le temps nécessaire pour le lire, le rapport est convenable.
Le pendu a dit…
Ce livre me paraît jouer parfaitement le jeu d'une sorte de sorte de littérature Internet : style très vif, chapitres courts, sujet-miroir (permet aux lecteurs de se regarder le nombril).
"Pas prise de tête" (un concept avec lequel j'ai vraiment du mal)
Si on y ajoute un traitement assez malin, ça donne un joli morceau de buzz (vu le nombre de messages que j'y ai consacré moi-même déjà...)
Le phénomène m'intéresse, m'amuse et ne me paraît avoir strictement aucune importance.
Gromovar a dit…
"Ce livre me paraît jouer parfaitement le jeu d'une sorte de sorte de littérature Internet : style très vif, chapitres courts, sujet-miroir" D'accord

""Pas prise de tête" (un concept avec lequel j'ai vraiment du mal)" D'accord, et tu n'as pas idée à quel point je suis d'accord avec ta parenthèse.

Mais. C'est du distractif pur. On parle de pop corn movie, c'est un pop corn book.
Tigger Lilly a dit…
Je retiens, ça a al'air sympa.